Je suis tombé sur un article qui explore les contournements, réserves et autres bricolages que les journalistes mettent en pratique pour se distancier de Twitter. Ce qui est cocasse c’est que mon premier réflexe a été de faire un thread pour partager ma propre expérience. À la fin de ce thread, je me suis rappelé que je venais de créer un blog précisément pour accueillir ce type de contenu. Je partage donc ici ma réflexion de manière plus élaborée.
Je me suis remis à Twitter un an tout pile après avoir raccroché pour cause de menaces de mort et autres joyeusetés. Je suis parti la queue entre les jambes, tout en laissant mon compte ouvert (bien que privé) et tous mes tweets intacts. Zéro suppression. Je me suis rendu compte que c’était ma défense la plus logique dans l’affaire “de la Ligue du LOL”. Tu m’accuses de quelque chose ? Je te laisse trouver les preuves, tout est à ta disposition.
Je suis donc revenu sur le réseau social en février 2020, par petites touches. Qu’est-ce qui me manquait tant ? Les interactions et le fait de me sentir à nouveau validé socialement. Prendre la température mais avec un compteur Geiger en somme.
Aujourd’hui encore, je tweete parfois à reculons, me demandant ce qui pourrait être mal interprété, retourné contre moi, tout simplement ce qui pourrait freiner ma “réhabilitation sociale”. Dès que mon compteur de mention affiche plus de 2 notifications, je panique et me demande si ça recommence. Traumatisme tenace.
Dans l’article linké plus haut, Nabil Wakim du Monde (excellent mec) dit « Dix ou quinze mentions et tu ne passes pas une bonne soirée ». C’est exactement ça. Je fais désormais des montagnes (dans ma tête) d’un type pas d’accord avec moi sur internet. C’est quand même un comble, d’avoir autant perdu confiance en soi. Mais l’opposé ne résout pas le problème pour autant : zéro notif et c’est la parano d’être un paria qui déboule soudainement.
Pourquoi est-ce que je continue alors ? J’ai besoin de ce contact social, de cette confrontation aux autres, de ces zones de débats qui n’existent plus sur Facebook et qui n’ont jamais existées sur Instagram. Même si frileux, je n’y trempe plus que le gros doigt de pied, j’aime que ces zones existent sur internet, et j’aime me dire que j’y replongerai un jour sans avoir peur.
Je ne vais pas revenir sur l’intérêt de Twitter pour se tenir au courant de l’actu, voire pour carrément s’ouvrir à une nouvelle actu, plus militante. Le destin ayant quand même un superbe sens de l’humour, il faut savoir qu’en février 2019, j’avais prévu de faire une chronique 404 sur comment le militantisme sur Twitter m’avait progressivement éveillé à une conscience politique plus affirmée. J’étais parti pour faire l’éloge de Twitter comme le vecteur de progrès social du 20e siècle. Bad timing.
Enfin Twitter reste un canal, comme les autres, pour partager son travail et celui des copains. Mais j’ai le sentiment qu’il y a moins de convivialité et de complicité qu’avant. Peut-être que le réseau a évolué, peut être que les gens ont évolué, ou peut être qu’ils ont bel et bien pris leurs distances par rapport à moi. J’en sais rien.
Comme j’essayais maladroitement de l’exprimer dans mon billet précédent, je pense que cette année va être propice à se (re)construire des réseaux et des canaux d’interaction plus autonomes, plus décentralisés, plus résilients puisque c’est un mot à la mode.
Juste un commentaire pour te dire que je lis chaque article que tu postes, je suis silencieux, je n’y réponds pas. <3
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